Au commencement était le Néant, vide infini, froid et sans but. Rien ne semblait vouloir perturber le calme originel, rien ne pouvait vivre ou créer.
Mais le Néant n’était pas seul, car une partie de lui vibrait de sa propre énergie : l’Eternité, celle qui précède, accompagne puis oublie. L’Eternité dépérissait, car le Néant qu’elle avait engendré étouffait toute existence. La Fin allait intervenir avant même le Commencement. C’est alors qu’intervint l’Espoir.
Un soubresaut secoua le Néant, et dans un souffle naquit la Conscience qui s’ouvrit au monde, avide de connaître et d’apprendre. Mais le monde n’avait rien à lui offrir, désert immatériel et intemporel. Et la Conscience s’ennuya.
L’Ennui engendra le Désir, sournois, insidieux et incontrôlable. Le Désir tourmenta la Conscience qui se mit à rêver. Elle imagina un monde complexe et vivant, empli d’émotions et de sentiments, dans lequel d’innombrables créatures luttaient en permanence pour satisfaire leurs instincts ou imposer leurs idéaux. Elle rêva la Réalité.
De ses songes émergèrent les Principes et les Dieux, et ses pensées forgèrent le Néant. Ainsi apparurent les plans, que les entités divines pourraient aménager à leur image. Une zone du Néant reçut une attention particulière : celle qui allait devenir le plan matériel, au confluent des autres univers. Là se jouerait l’Histoire, comédie permanente, tragédie sans début ni fin, fruit de la volonté d’une multitude d’individus libres, influencés dans leurs gestes et leurs envies par l’imperceptible action des Dieux et de leurs émissaires.
Et la Conscience s’éveilla, découvrant les merveilles issues de sa propre volonté. Alors elle décida de donner un sens à la Création, et cet événement marque le commencement des Temps et le début du Premier Age.